Bolivie

QUE VIVA LA PAZ !

Après avoir parcouru 2067 km depuis Pucallpa en Amazonie Péruvienne, soit environ 50 heures de trajet, nous arrivons enfin en Bolivie. Un peu après avoir passé la frontière, on nous fait descendre du bus de nuit, et à notre plus grand étonnement, nous voyons cet énorme véhicule embarquer sur une sorte de petit radeau en bois afin de rejoindre l’autre rive grâce à la seule force des bras des rameurs…

Nous sommes le 9 juillet 2016, il est 23 heures et nous arrivons à La Paz.

C’est Angela qui nous accueille. Elle vit dans un appartement du sud de la ville, un des quartiers favorisés de La Paz. En arrivant, elle nous annonce qu’il y a l’eau chaude à volonté et le chauffage, chose qui semble normale lorsqu’on vit en Europe, mais qui nous a fortement manqué dans le sud du Pérou par exemple. Pendant tout notre voyage, nous nous sommes aperçus que ce confort est un luxe bien plus rare que ce que l’on pourrait croire ! En effet, c’est une chose qui n’est pas accessible à tous, y compris pour certains hôtels.

Dès le lendemain, nous partons à la découverte de cette ville très étendue. La Paz est construite dans une cuvette encerclée de montagnes où les bâtiments s’imbriquent les uns aux autres comme un gigantesque Tétris. Son altitude passe d’environ 2000 mètres, au sud de la ville, à 4095 mètres le sommet où se situe le plus haut marché au monde. D’ailleurs, un grand réseau de téléphériques a été construit afin de se déplacer facilement entre ces grandes variations d’altitude.

Très vite, nous apprécions cette ville culturellement riche et nous décidons de nous y installer pour quelques temps et pourquoi pas même y travailler. Finalement, après quelques recherches, nous n’aurons d’autres travails que celui de rédiger notre article sur le Pérou. Qu’à cela ne tienne, nous profiterons mieux de la capitale et de ses habitants !

La Paz c’est bien sûr les célèbres cholitas ! Ces catcheuses des hauteurs de la ville, dans le quartier de « El Alto », se réunissent deux fois par semaine pour offrir un spectacle burlesque auquel Boliviens et touristes prennent plaisir à participer dans une ambiance bon enfant. Les spectateurs ne sont pas à l’abris de se retrouver sur le ring ou avec une cholita collée à la bouche… Une expérience qui peu surprendre ! Le « Cholitas wrestling » est un show divertissant à voir si on vient à La Paz. On vous le recommande vivement !

C’est aussi « la Valle de la Luna », un petit désert de stalagmites argileuses tout droit sorti d’un autre monde. Mais plus que tout, La Paz est une ville pleine de légendes, comme celle des fantômes de la « Verde Cruz » qui viennent déranger les buveurs de la rue Jaen la nuit tombée, ou encore celle-ci qui pourrait, selon nos hôtes du moment, être vraie :

La culture de la Pacha Mama toujours très ancrée ici, exige des offrandes pour la bonne fortune. La légende raconte que, fût un temps et peut-être encore aujourd’hui, avant de construire un édifice, il fallait enterrer une offrande à la Pacha Mama afin que le bâtiment soit solide. Pour construire une maison, par exemple, on enterre un fœtus de Lama. Plus la construction est grande et plus l’offrande doit être importante. Pour un grand édifice, la Pacha Mama exigerait qu’un être humain soit sacrifié, de préférence sans famille et que personne ne viendrait pleurer. La technique consiste donc à trouver un sans abris, l’inviter à boire jusqu’au coma éthylique pour pouvoir l’enterrer dans les fondations du bâtiment et le rendre indestructible ! D’après nos hôtes ce ne serait pas seulement une légende et les sous-sols de La Paz seraient envahis de cadavres de « burrachos » !

 

Si nous en avons appris autant sur les légendes locales, c’est grâce à la famille de David chez qui nous avons séjourné et qui vit sur les hauteurs de La Paz. Il vit dans une maison avec sa grand-mère Dora, son frère Raùl et sa belle-sœur Yoko. Tout de suite, cette dernière se propose de nous faire découvrir le vrai La Paz.

Ca tombe bien ! Mi-juillet c’est l’anniversaire de la ville, tout le monde descend dans la rue pour faire la fête. A cette occasion, un grand défilé a lieu dans lequel tout les corps de métier se présentent pour montrer le savoir-faire et la grandeur de La Paz, d’ailleurs une sanction est prévue si un employé décide de ne pas s’y présenter….

Après cette fête, Raùl et deux amis nous rejoignent et nous la continuons dans une voiture à parcourir la ville, à boire et en se racontant des histoires, dont celle des « burrachos » enterrés.

Les jours passent et nous apprécions la ville et son centre pittoresque avec ses diseurs de bonne aventure qui exercent dans la rue et son « mercado de las brujas » (marché aux sorcières) dans lequel on s’attend à rencontrer des choses extraordinaires mais où offrandes et potions magiques ont laissé place aux cadeaux souvenirs. Heureusement, quelques rues plus loin, les vraies sorcières sont encore là et tiennent leur petit stand. Elles y vendent offrandes, plantes médicinales et potions pour attirer argent, santé et amour dans des rues bien moins fréquentées des touristes.

Une chose folle à La Paz est que tout se trouve ! Le marché noir regorge de téléphones, chaussures, montres et toutes sortes de choses volées. Des boutiques vendent aussi les uniformes officiels de la police que tout le monde peut se procurer et ainsi se faire passer pour un policier et voler les documents de leurs victimes. Heureusement pour nous, nous n’avons pas croisé leurs routes !

Après une vingtaine de jours passés à La Paz, nous faisons un court arrêt d’une journée pour découvrir le salar d’Uyuni avant de partir en train pour l’Uruguay. Ce lieu est un peu à la Bolivie ce que le Machu Picchu est au Pérou, le site incontournable du pays. Les trains, il y en a beaucoup dans cette zone, surtout dans le cimetière où reposent les carcasses des locomotives à vapeur d’un autre temps.

Le plus grand désert de sel au monde s’étend sur plus de 10 000 km2 et est un endroit magique ! Du sel à perte de vue sur lequel la chaleur du soleil entraîne une illusion d’optique qui semble faire flotter les montagnes dans les airs, une île « aux poissons » constituée de centaines de cactus millénaires et ses miroirs d’eau dans lesquels se reflète le coucher du soleil.

    

Après cette belle journée, nous quittons cet endroit un peu comme on sort d’un rêve et montons dans notre train en direction de la frontière avec l’Argentine, direction l’Uruguay !

©yaquoilabas